May 24, 2013

Comment s’adapter à un monde en transformation?



Le forum annuel du Conseil canadien pour la Coopération internationale porte cette année sur le thème du développement et de la transformation sociale, une responsabilité partagée. Cette première journée interpelle toutes les organisations de la société civile, car elle aborde leur avenir. Les défis auxquels font face les organisations sont grands dans cet environnement en évolution. 

Le point de départ de cette réflexion débute avec l’essai de Michael Edwards, chercheur principal distingué à Demos et rédacteur en chef de Transformation@openDemocracy. Celui-ci s’intitule « Réflexion axée sur l’avenir : quatre questions qui interpellent les ONG ». Les participants ont pris part en matinée à un exercice de visualisation où ceux-ci étaient invités à imaginer le monde dans lequel ils voudraient vivre dans le futur. Michael Edwards conçoit les relations mondiales en termes local-global et non nord-sud.

Pour Anabel Cruz, directrice fondatrice de l’Instituto de Comunicación y Desarrollo en Uruguay, le concept d’aide étrangère n’est pas le terme à utiliser, car il implique une idée de supériorité. Selon elle, les organisations non gouvernementales (ONG) devraient plutôt promouvoir la coopération horizontale, par exemple entre les différents pays d’Amérique latine. La situation politique de cette zone a beaucoup évolué depuis une trentaine d’années. Désormais, plusieurs gouvernements sont de tendance progressiste. Cette coopération devient donc possible et souhaitable. Elle réduirait ainsi leur dépendance envers l’influence des puissances occidentales. Nous devons nous interroger sur les capacités qui ont été développées par le passé et construire à partir de ces bases.

La transformation de l’aide étrangère depuis vingt-cinq ans et plus récemment avec la réorientation des priorités de ses bailleurs de fonds publics oblige les organisations à repenser leur structure, leurs pratiques et leur ancrage au sein de la société civile canadienne. Pour certaines, cela signifie qu’elles doivent trouver de nouvelles sources de financement pour continuer leurs activités nationales ou internationales. La transparence de leur financement devient donc un élément essentiel du lien de confiance qui les unit à la société civile. Comme l’indique Anabel Cruz, les organisations doivent accepter les politiques gouvernementales pour survivre. Le financement public de la responsabilité sociale des entreprises, notamment des compagnies minières, semble être à la mode. Par conséquent, l’impact des décisions gouvernementales est très important sur le mandat des organisations. De plus, le financement public oblige maintenant les organisations à obtenir des résultats plus rapidement. L’âge d’or du développement international est révolu.

L’explosion du nombre d’organisations non gouvernementales indique également que les barrières à l’entrée sont très faibles. Barbara Levine, professeure adjointe à l’École de politique publique et d’administration de l’Université Carleton pose la question du besoin d’alliances stratégiques. D’après elle, ces alliances ne doivent pas être forcées, mais plutôt créées dans une perspective de vision commune de l’avenir.

La pertinence de ces organisations est également mise en doute. Anabel Cruz indique qu’il est important de revitaliser les liens des ONG avec les réalités locales. La plupart d’entre elles sont déconnectées des mouvements qui transforment la société (exemple : la place Syntagma ou le mouvement étudiant chilien).
La définition de client est également examinée. Selon Brian Emmett, économiste en chef à Imagine Canada, la dichotomie des donateurs et des États / organisations récipiendaires place les organisations dans une position difficilement soutenable. Les donateurs ne souhaitent plus traiter par un intermédiaire et souhaitent que leur contribution ait des résultats concrets à court terme. De l’autre côté, les récipiendaires ne souhaitent plus être passifs dans l’attente d’une solution deus ex machina. Il existe plusieurs exemples de partenariats avec des organismes locaux qui sont impliqués dans l’élaboration de solutions (exemple : venir au Canada pour travailler de concert avec l’ONG) et qui visent à les rendre autonomes. 

En conclusion, dans un contexte de changement structurel et de crise économique mondiale, la transformation semble inévitable. De nouveaux modèles d’aide internationale, humanitaire ou d’aide au développement doivent être développés. Il semble pour l’instant y avoir plus de questions que de réponses. Cependant, les organismes se devront d’être proactifs s’ils désirent conserver leur influence, mais surtout s’ils désirent renouer avec leurs racines. Les ONG doivent se réinventer et elles devront en payer le prix, au risque de perdre leur identité. 

Emilie Carrier

No comments:

Post a Comment